"Live each day as if it was the last one... One day, you will be right!"

Weather

dimanche 9 mars 2008

Lundi 3 mars – Encore un raz le bol, et un !

Il pleut, encore et toujours, 4 jours qu’il ne c’est pas arrêté une seconde. Ok, j’exagère. Il n’a pas plu environ 10min samedi, 2 x 5min dimanche et 3min30 aujourd’hui. La nuit je n’en sais rien, mais disons qu’au coucher et au réveil il pleut… Et pas la petite pluie fine hein, c’est la grosse tempête, j’ai même froid dis donc !

Bref, après 10min de travail avec Tamara, celle-ci retourne se coucher. Elle se sent gripper, comme tout le monde j’ai envie de dire, il y a la grippe qui court partout à Tully. Je la sens proche de moi, ça fait quelques jours déjà que je lutte contre elle, j’ai déjà perdu ma voix mais elle n’aura pas plus, bon j’avoue c’est mal parti, je commence à me moucher, mais elle ne m’aura pas quand même ! Mais me voilà donc toute seule pour suspendre les branches de bananes. Cette journée sera la plus dure que j’ai eu depuis que je travaille dans les bananes.

Je suspends, suspends et suspends. Plus je suspends, plus j’ai mal au poignet, plus je suis fatiguée. Après la première pause, je demande à un mec qui travaille là si je peux garder une des irlandaise avec moi, il rigole et me dit de prendre une japonaise du shed pour m’aider avec les sacs. Je crois qu’il comprend pas, ce n’est pas pour les sacs que j’ai besoin d’aide (enfin si car je n’ai pas le temps de m’en occuper) mais c’est pour suspendre que j’ai besoin d’aide. C’est lourd, j’ai mal, j’en peux plus. Je demande à une japonaise de m’aider « oh non non non, je n’ai jamais fait ça !! » Je suis astonished comme on dit ici, j’en reviens pas quoi, parce qu’elle croit que je suis née dans les bananes ? Ok, je lui fais trier les sacs, c’est toujours ça…

La dernière shift est horrible, d’ailleurs je pleure en travaillant, j’ai mal, vraiment mal au poignet, au dos, je ne cesse de répéter que je suis une fille, pas un mec, que je ne suis pas censée faire ce boulot, et encore moins toute seule, que si Tamara est malade, elle doit être remplacée pour la journée, que je suis pas censée me flinguer la santé pour des putains de bananes. Et pourtant, je ne m’arrête pas, je continue de suspendre, pousser, tirer, soulever des branches pouvant peser jusqu ‘à 100kg. Ok, c’est la machine qui soulève, mais parfois la corde est trop courte pour atteindre le crochet, dans ce cas, je dois soulever d’une main et accrocher de l’autre, trop super pour le dos, et les bras, et mon poignet qui est bandé pour une raison il me semble… Il faut que je pousse la branche pour atteindre le crochet, chaque fois que je pousse, mon poignet crie stooooop ! Si Greg était dans les parages, je lui en aurais touché 2 mots, mais heureusement pour lui, il n’est pas là. Je trouve vraiment pas normal que je sois toute seule pour un boulot aussi physique et à la fin de la journée, je regarde le cahier, j’ai suspendu seule 650 branches, oui, 650 en 8h.

Je rentre à la maison, je suis exténuée, j’ai mal et j’ai les yeux tout rougis par mes larmes. Je vois Jae qui voit ma sale tronche. « Quelque chose de sérieux est arrivé ? » Je ne réponds pas. « C’est ta famille ? » Oulala non t’inquiètes pas, c’est juste le travail. « tu t’es fait viré ? » Là je rigole, pour la première fois de la journée, ça ma fait marrer que ma tête ait l’air si grave alors que finalement c’est pas si terrible ce qu’il m’arrive, c’est juste un gros coup de fatigue !! Enfin, je lui explique, je suis pleine de colère, il faut que ça sorte, il me prend dans ces bras et je laisse les larmes ressortir en reniflant dans son t-shirt que je ne suis qu’une fille hein, je suis pas musclor ou superman, je peux pas faire ce boulot seule… Je veux dire, bien sur que je peux, la preuve je l’ai fais, mais je veux pas m’exploser la santé pour un boulot dont je me fous, d’ailleurs, Marcel m’avais fait promettre à Broome que désormais je ferais toujours passé la santé d’abord car c’est la chose la plus importante (rappelez vous j’avais travaillé avec mes chameaux alors que j’étais incapable de marcher, juste de peur de perdre mon travail !!!) Et aujourd’hui, je me casse tout, juste par fierté, parce que je ne peux pas dire au boss que je ne suis qu’une fille de rien du tout avec des petits bras, non je ne peux pas, je dois montrer que je suis forte et que je peux tout faire, alors forcément on me donne de plus en plus… Et voilà, la santé d’abord, ça m’était complètement sorti de la tête…

Je suis allée voir un physiothérapiste, qui a regardé rapidement car il était avec un autre client. Il a tout de suite appuyé là où je hurle. Il me dit que c’est les tendons, il me presse par ci par là pendant 2 min et me dit de revenir demain car aujourd’hui il est trop occupé. Je le remercie bien. Je reviens 10min plus tard pour lui demander si ça sert à quelque chose le bandage que je me fais. Il m’en fait un lui-même ! Si c’est pas gentil !! J’y retournerais donc demain, qu’il me répare poignet et dos, me fasse craquer le tout, car je sens bien qu’il y a un fort besoin de craquage et après je serais comme neuve.

Demain, si Tamara n’est pas là, je dirais au boss que je ne travaillerai pas au suspendage de bananes si je n’ai pas quelqu’un avec moi, et croyez moi, je le ferai car là, je suis vraiment, vraiment pas contente. J’ai demandé autour de moi si dans les autres fermes se sont des filles qui font ça, juste pour savoir si c’est vraiment moi qui suis pas forte. Non, dans toutes les fermes, les coupeurs et suspendeurs sont des garçons. Voilà, maintenant je suis fixée.

Enfin, après ce gros caprice, me revoilà de bonne humeur car de toute façon je ne peux rien changé maintenant, j’aurais du réagir avant que le mal ne soit fait. Jae dit avoir été très choqué de me voir pleurer, ah bon ? Parce que d’habitude, même quand ça va pas ou que j’ai mal ou que je suis crevée, je raconte mes malheurs en rigolant et je baisse pas la tête. C’est pour ça qu’aujourd’hui, il croyait que j’avais appris une méga mauvaise nouvelle ! Oops, pardon Jae…

Quand je suis en mode triste je me jette sur des chips, voilà, ça sera mon repas, chips miam miam ! Vers 18h30 on regarde mon film préféré « Crash ». C’est marrant, je pense que c’est la 6ème fois que je vois ce film et j’ai encore découvert des petits trucs par ci par là que je n’avais jamais remarqué. Et bizarrement aussi, alors que je connais ce film par cœur, je suis toujours autant touchée par ce qui arrive aux personnages. Alors que je connais la suite, je sais que cette personne va être sauvée ou que ou que, mais non, je suis complètement dans le film. Les acteurs jouent tellement bien, et c’est une représentation de la vie, des comportements humains, des problèmes que l’on rencontre, des réactions à ces problèmes, trop de stress dans ce monde, trop de colère, trop de pression… Beautiful. Le film est beaucoup tourné sur le racisme et l’immigration mais bizarrement, ce n’est pas ce que je vois en premier, c’est plus la colère que tout le monde garde en soi et qui explose sur les autres, sans que l’on s’y attende, la pression sociale que l’on porte, la pression de plaire, la pression de faire bien. Et les musiques n’en parlons pas ! Après le film, je file direct au lit, en paix avec moi-même, ignorant la douleur qui me lance, je souris même il me semble !

Gros papillon Ulysse, on les voit partout dans les champs, ils sont sublimes.

Suberbe arc-en-ciel vu de l'hôtel

L'est pas belle la vie? :)

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