Dimanche 2 mars – Marcel

Quoi Marcel, qu’est ce qu’il vient faire là celui là encore ?

Bah pourquoi pas ? Après tout, on a quand même fait un bout de chemin ensemble et pis c’est pas comme si on s’était séparé il y a 5 ans hein, c’est encore tout frais, tout récent. Ces derniers jours, je pense beaucoup à lui, je repense à notre histoire, notre expérience, nos bons moments, et il y en beaucoup, notre bébé Zebra, notre voyage, nos rencontres, notre stupide fin. Oui car elle était stupide cette fin, on arrête pas une belle histoire stupidement si ? Je veux dire, si on veut faire les choses bien, la fin devrait être modifiée je crois, car franchement, c’était la séparation la plus rapide et facile, et débile que je n’ai jamais eu…

Je ne comprenais pas ce qu’il se passait, tout ce que je faisais c’était de constater que l’on s’engueulait de plus en plus, qu’il m’énervait pour un rien, qu’il essayait de me rendre heureuse et que ça ne marchait pas. Alors on s’est séparé, comme ça, ça a pris 5min de conversation. Jamais on ne s’est posé pour discuter sérieusement de ce qu’il se passait dans ma petite tête, pour essayer de comprendre le pourquoi du comment, d analyser nos réactions, nos besoins, nos différences, nos peurs, qu’est ce qui a bien pu changer en un mois pour que je ne sois plus la même personne avec lui ? Hein ? Mais non, vu le contexte, on ne pense pas à ce genre de chose, c’est trop compliqué, alors on se sépare, c’est tellement plus facile que d’affronter les problèmes. On vit tellement à 100 à l’heure ici, tous les jours, il se passe quelque chose, et quand on bouge tout le temps, on perds nos repères et nos habitudes, alors les conversations embêtantes, on les zappe, et on change de pays, vachement plus simple.

Et puis voilà, maintenant, je suis « posée » à nouveau, alors les questions reviennent, on trouve le temps de réfléchir alors j’ai beaucoup réfléchi. Maintenant, j’ai compris ce qu’il s’est passé, j’ai creusé au fond de moi, j’ai étudié mon caractère, fouiller dans mes souvenirs, et j’ai compris. Tout est clair. Mais maintenant que je sais, maintenant que j’ai les réponses, bizarrement, tout se complique. Car le Marcel en question, et ben c’est un mec exceptionnel, et par facilité, je l’ai laissé me détester plutôt que de battre mes peurs et regagner ma confiance que j’avais perdu sans m’en rentre compte parce que j’étais avec quelqu’un que j’estimais trop.

Repartir seule était le meilleur moyen de regagner cette confiance. Oui, car j’ai voyagé en Thailande seule, je suis retournée en Australie seule, j’ai pris des décisions seule, j’ai trouvé un boulot seule, j’ai rencontré plein de monde seule, me suis fait des amis seule, je joue à la guitare seule, je peux même chanter devant des gens et seule, bref, je suis satisfaite, je me suis prouvée que je pouvais toujours être indépendante, et que je n’avais besoin de personne à mes côté pour accomplir ce que j’ai accompli. Bon c’est très bien d’avoir fait cette découverte, mais maintenant, est ce que ça valait vraiment le coup d’arrêter une histoire pour ça et de se retrouver … seule ? Parce que si je ne suis pas seule physiquement, je veux dire, j’ai de la compagnie, une roomate plus qu’importante, j’ai une vie sociale, mais tout ça ne remplace pas Marcel. Et là pour le coup, ça remet tout en question. Parce que j’ai la conviction que maintenant que j’ai compris la source de notre rupture, tout pourrait être bien différent aujourd’hui.

Oui je sais, c’est facile de dire ça quand c’est terminé, et puis c’est facile de se laisser aller dans ce genre d’idée, on est loin de chez soin, on est en manque d’affection, ou je sais pas encore quoi d’autre mais c’est ça qui est drôle, je ne suis pas en manque d’affection, je ne suis pas déprimée, triste, mangée par les regrets, non non non, je vais très bien, mais j’avoue que j’irais encore mieux s’il n’était pas loin, du moins c’est ce que je ressens depuis une semaine, ou 2, depuis que j’ai compris mon moi intérieur du mois de décembre. J’ai envie de partager des moments avec lui, que l’on cuisine ensemble, qu’on joue à la guitare ensemble, qu’on se raconte nos vies ensemble, que l’on voyage ensemble, tout ça tout ça. Peut être que je mélange amitié et amour, oui peut être, mais je m’en fou, parce que là, au moment présent, je veux le voir, le toucher, lui parler et m’excuser. Bah nooooooooooon, tu peux paaaaaaaas, parce que tu l’as bêtement laissé en Thailande, là où il est heureux, là où il vit sa vie et son voyage comme j’ai vécu ma vie et mon voyage !! C’est con ça hein ? Bah fallait y penser avant, fallait réfléchir avant de prendre des décisions, fallait parce que maintenant, c’est trop taaaaard !! Pauvre andouille… Et ce juste pas fierté de pouvoir faire les choses seule… Well, pas de mélodrama, ce qui est fait est fait, je ne suis pas du genre à regretter mes actes, d’ailleurs pour être honnête, je n’ai jamais rien regretté, mais là j’avoue que pour la première fois, je sens comme un petit truc que je ne connais pas, un sentiment dur à expliquer, un pincement au cœur en réponse à mes questions « et si ? » et je pense que l’on peut clairement appelé ça… regret.

Mais je garde la tête haute, j’arrête de regarder les photos qui ne sont là que pour me rappeler les bons moments et oublier les mauvais, et je profite, seule, de mon expérience plus qu’intéressante dans ce trou paumé de Tully.

N’empêche que les relations humaines, c’est loin d’être facile à gérer, surtout quand on est même pas foutu de se gérer soi même.

PS : Bonne fête Moune en Irlande ! J